À l’attention d’Ubisoft, Studio de jeu vidéo.

Cher Ubisoft,

Malgré une frustration compulsive devant mon ordinateur, il reste encore quelques lettres fixées à mon clavier pour te décrire ma difficile tentative de survie à ton jeu Zombi, qui, comme son nom l’indique, consiste à tuer des soldats de la garde britannique dans un monde post-brexit.

L’histoire se passe après qu’une pandémie a dévasté Londres, transformant le petit déjeuner saucisse fayots de tous les anglais en pulsions 100% carnées. Ainsi, une horde d’anti vegans envahit rapidement le palais de Buckingham pour déchiqueter les organes du pouvoir, et dévorer le coeur de tous les dirigeants incapables de déclarer un confinement. Il ne sagit donc pas de la récente pandémie de Covid-19, puisqu’il aurait déjà fallu que Boris Johnson ait un cœur.

En joueur courageux, nous dirigeons un survivant prêt à dégommer du cerveau à coup de batte de baseball pour s’enfuir de la city. La logique consiste donc à se diriger en plein centre-ville, arpentant les couloirs de l’endroit le moins dangereux de la capitale : le métro. (Probablement parce qu’aucun politicien n’y met jamais les pieds)

Comme lors de n’importe quelle visite touristique, on y récolte toutes sortes d’armes à feu, ainsi que des trousses de soin pour les coups durs. On peut également récupérer de la santé en engloutissant des aliments sains, comme des barres chocolatées et du soda, à défaut de manger, comme dans n’importe quel autre jeu : du jambon, du fromage, des choses très concrètes.

Dans Zombi, malgré nos efforts de distanciation effrénnés à coups de pelles sur la mâchoire des compatriotes, on n’est jamais à l’abri de mourir face à un type qui oublie de tousser dans son coude. Faut dire que mettre un masque est un geste technique.

On réapparaît alors sous la forme d’un nouveau survivant qu’on devrait plutôt considérer comme le prochain mort-vivant dont il faudra récupérer l’inventaire.

Afin de connaître nos objectifs tout au long du jeu, notre personnage se voit glisser une oreillette par laquelle s’exprime un type qui nous donne des directives avec autant de profondeur qu’un discours d’Emmanuel Macron. Il nous aide aussi à ouvrir des portes à distance grâce à un dispositif qui aurait rendu milliardaire tout personnage crédible. Enfin, il nous donne des missions de la plus haute importance. Par exemple, aller chercher des lettres que la Poste n’a pas transmis à ses destinataires. Ça, j’avoue, c’est assez réaliste.

Bref, cher Ubisoft, j’apprécie vraiment ton œuvre vidéoludique, avec un gameplay en parfaite adéquation avec son scénario.

Me vient alors une question. Cher Ubisoft, essayez-vous vos jeux avant de les publier ? À moins que vos testeurs ne prennent trop souvent l’habitude d’abuser du chouchen pour trouver vos jeux sans défaut ?

Ce n’est pas la première fois qu’un de vos jeux glitche entre mes mains, mais là, c’est le pire que j’ai eu à affronter de toute ma vie de gamer. Car cette fois, ce glitch m’empêche de terminer le jeu. Mais je ne doute pas qu’en 8 années, le temps a dû vous manquer pour créer un correctif.

Sources : Les glitchs dans les jeux Ubisoft, une triste habitude.

Après des heures de jeu à faire le boulot de la Poste en apportant des lettres à un scientifique, ce dernier trouve un vaccin à l’épidémie, et décide de sortir de sa chambre froide ultra sécurisée sans nous attendre, histoire d’aller se faire tuer. Une manière bien connue de rallonger le temps de jeu. Il nous faut alors retrouver son corps pour le charcuter puisque le vaccin se trouve derrière une porte verrouillée par un scanner rétinien. Le scientifique étant passé devant la porte en question pour aller se faire tuer, on aurait quand même apprécié qu’il l’ouvre au passage…

Je n’irais pas jusqu’à t’expliquer qu’un scanner rétinien mesure le flux sanguin à travers l’oeil, et qu’un oeil arraché ne devrait pas être en mesure d’ouvrir la porte, mais bon, on n’est plus à quelques contradictions près.

C’est alors qu’au moment d’arracher l’oeil du suicidaire, mon personnage se voit poussé hors de la limite de jeu, se retrouvant dans les nuages, tombant dans un vide sans fin comme on tombe sur un de vos jeux. Buggé, le jeu plante, et je redémarre une partie avec un nouveau personnage, sans l’objet de quête, qui est resté sur le cadavre de mon précédent personnage, sous le niveau. Il m’est alors impossible de récupérer cet objet de quête puisque ce dernier se retrouve hors des limites « normales » du jeu.

Si je peux toujours déambuler dans les niveaux, je ne peux pas avancer dans le scénario. Avoue, cher Ubisoft, que c’est regrettable.

Transposons ce cas sur une autre œuvre. Imagine par exemple que tu puisses passer deux saisons à regarder The Walking Dead sans avoir la possibilité de connaître le dénouement du personnage principal de la série… Mauvais exemple. Enfin bon, tu as compris où je voulais en venir. Ton jeu a fait apparaître en moi une frustration sans précédent, ce qui est bien la dernière chose qu’est censé faire un jeu vidéo.

J’ai alors questionné ton support via ton chat, dans le cas où tu serais en mesure de démêler la situation. Bon, il a planté aussi, mais c’est un peu ta marque de fabrique après tout.

Tu m’as finalement répondu par mail une réponse aussi claire et lucide que les propositions de Donald Trump pour trouver un remède au coronavirus. On aurait dit que tu avais oublié que créer un jeu vidéo consistait à faire passer un moment agréable à tes clients.

Pour finir les 45 dernières minutes d’un jeu Ubisoft, il faut vraissemblablement passer trois heures à effectuer des retours techniques sur sa configuration, alors qu’on attend juste un fichier de sauvegarde …

Cher Ubisoft, à ce stade de ma lettre, le gamer lambda attend enfin la conclusion de mon test. Et pour tout confesser, même si je ne connaîtrais jamais la fin de cette aventure, j’ai trouvé que Zombi était un très bon jeu. Si je devais lui donner une note, je lui donnerais la note de 17 bugs sur 20.

Allez, je m’en vais me consoler sur un autre jeu. Pourquoi pas tenter de découvrir une fin digne au scénario de la série Assassin’s Creed.

… Mauvais exemple.

T. BOUILLET