Trop d’anges encombrent les allées du paradis. Il nous a quitté trop tôt. Pauvre téléphone. Mon téléphone, si cher à mes yeux, (et à mon compte en banque) a succombé à l’incompétence généralisée de notre système de santé numérique. L’obsolescence programmée n’a jamais été si assumée qu’aujourd’hui. Face à la désinvolture des industriels, il ne m’est apparu comme solution que de m’y opposer avec autant d’aplomb, et à peine moins de mauvaise foi.

À l’attention du Service Client Wiko
et Sofi Groupe

Bonjour,

Je suis au regret de vous annoncer mon obligation de décliner votre « refus de réparation » de mon téléphone « Wiko Rainbow ». En effet, quand il était en ma possession, et au cours de sa courte vie, l’appareil a toujours été protégé de l’humidité. Aussi, j’en viens à m’interroger sur le fondé de votre accusation: une panne hors garantie pour cause d’oxydation.

Si je ne suis pas spécialiste de l’électronique de précision, j’ai quelques connaissances. A priori, le plastique ne s’oxyde pas trop, et ne sert que peu au fonctionnement de l’appareil. Les composants sont encapsulés par du plastique, du métal non oxydable ou de la céramique, peu propices à l’oxydation, surtout ceux dont les connecteurs sont plaqués or. Le circuit imprimé est en époxy, et nous serons donc tous mort de vieillesse avant que celui-ci est le temps de s’oxyder, notamment avec des pistes en cuivre recouvertes de vernis (justement pour empêcher l’oxydation) Reste les points de soudure des composants, qui se font avec un alliage d’étain dont le but est d’assurer la conductivité électrique, de fixer le composant, et croyez-le ou non, d’empêcher l’oxydation!

Avec tant de précautions techniques que d’usages, et ne me dorant pas (encore) la pilule sous les tropiques, comment justifiez-vous que l’appareil ait pu s’oxyder? Mon avis pourrait ne pas vous plaire, mais si oxydation il y a, j’ai trois explications probables:

N°1 – L’appareil a pris l’humidité à son arrivée dans vos locaux. Dans ce cas, je vous conseille de contacter un spécialiste dans les plus brefs délais, afin de faire évaluer l’hydrométrie dans votre espace de réparation. Aussi, je ne pense rien vous apprendre en vous signalant que l’électronique réagit mal à l’humidité directe, et qu’il est préférable de ne pas le démonter sous la douche.

N°2 – L’appareil comporte un défaut de fabrication. Bah oui, les appareils chinois, c’est de la camelote, tout le monde le sait! Faut dire que les enfants qui travaillent dans les usines, ils faut toujours leur rappeler 100 fois qu’il ne faut pas oublier de s’appliquer quand ils passent le produit toxique avec leurs petites mains.

N°3 – L’appareil n’a aucun problème d’ordre d’oxydation. Comment un problème d’oxydation aurait pu être réglé il y a plusieurs semaines par une mise à jour du firmeware. Bah oui, ce n’est pas logique, vous voyez! Pourquoi parler d’oxydation dans ce cas? Peut-être pour déjouer la garantie pourtant toujours d’actualité, ou, pour citer le Directeur Général de Wiko Marseille, s’en tenir à « la course effrénée au profit, à l’inconscience, à l’insouciance, et aux vieilles pratiques locales ».

Vous avez beau fournir la preuve « irréfutable » d’une oxydation, grâce à une petit pastille blanche devenue rouge, toute méticuleusement disposée juste à côté d’une source de fragilité qu’est le port USB, cela ne signifie pas que l’appareil est oxydé. Il est possible que la pastille le soit, tout au plus, mais pas nécessairement l’appareil. Et la présomption d’innocence? Ce n’est pas parce que Pastille a une arme dans sa table de nuit qu’elle a forcément commis le crime.

Je vous demande donc de réétudier votre constat afin d’en accepter la garantie pleine et entière qui lui revient de droit. Les erreurs, ça arrive. Pis c’est sans doute la faute du stagiaire, tout ça tout ça. Il est peut-être meilleur pour l’affranchissement de mon téléphone.

À ce propos, vous qui refusez de payer les frais de retour du téléphone « hors garantie » parce que prétendument « oxydé », sachez que je n’ai pas l’intention de vous laisser gracieusement mon appareil d’une valeur de 146,00 €. Néanmoins, j’aimerais vous donner quelques astuces commerciales, et ainsi vous conseiller sur un établissement qui s’appelle « La Poste ».
Grâce à des petites étiquettes collantes qu’on appelle « timbre », on peut envoyer des lettres et des colis directement chez le client! C’est fou, pas vrai! On peut même envoyer l’appareil en recommandé avec accusé-réception pour environ 7,00 €! C’est cher, mais 2 fois moins que votre solution. Génial, non?
Bah oui, parce que vous, vous proposez un retour dans un point relais pour 18,00€, et je me dis que la douloureuse d’une soi-disante panne pour oxydation passerait mieux par mon anatomie sensible si les frais de retours n’étaient pas si élevés. Faut dire, que 18,00 €, ça représente quand même 12% du prix du téléphone.

Si vous refusez d’y voir un problème de conception, une déficience de votre produit, et des pratiques commerciales douteuses, sachez que j’en finirai par boycotter la totalité des produits et services des groupes Sofi, Wiko, leurs filiales, et associés respectifs, et inciterait mon entourage, proche ou lointain, à faire de même. Une goutte dans l’océan pour vous, qui ne vous gênera sans doute pas outre mesure, mais qui me donnera pleine satisfaction, si vous êtes incapable de le faire.

En conséquence, je vous conclue mes respectueuses, mais sans doute éphémères, salutations.

Thierry BOUILLET